CONTRIBUTIONS DES DOCTORANTS

 

textes historiques au jeu de tarot ajoute une portion d’humour pointu à la déconstruction du piédestal de l’Histoire – du langage.

L’Histoire, va-t-elle toucher à sa fin ou l’a-t-elle déjà fait ? Les idées de se délivrer des vieilles autorités traditionnelles et des influences du passé sur nos pensées et attitudes, rassemblées sous les ailes du finisme en matière philosophique, s’intègrent parfaitement au mouvement culturel du postmodernisme. Fukuyama nous assène le fait que l’Histoire a bien cessé d’exister après la chute du Mur de Berlin, après quoi l’humanité toute entière, ayant atteint le dernier point idéologique de son évolution, peut vivre en paix dans un système démocratique, libéral et capitaliste. C’est grâce à Derrida et à sa critique, selon laquelle le concept de Fukuyama n’essaie que de propager une certaine tromperie ayant pour but de sauver le projet de démocratie encore toujours en développement et incomplet, que de telles turpitudes n’ont pas pris pied. De l’autre côté, Baudrillard se réfère à l’Histoire qu’il observe comme source de tous les malheurs humains, et il appelle à l’abolition de celle-ci ; c’est justement qu’au sein de l’Histoire nous nous restons inaccessibles, mais en supprimant l’Histoire, nous supprimons également l’inaccessibilité (la vieille nostalgie envers le bon vieux drame entre le « sujet » et le « objet » reste quand même bel et bien en vie). Tout en plaidant pour l’apolitisme, les critiques de Baudrillard ont remarqué que, en acceptant la position de celui-ci, abolir l’Histoire signifierait en même temps faire disparaître toute possibilité pour des changements politiques. Enfin, la présentation de la fin de l’histoire donnée par Jean-François Lyotard semble plutôt lugubre par rapport aux autres vu qu’en même temps, elle implique la fin du monde. Cependant, c’est justement Lyotard qui nous est le plus intéressant à cause de sa critique des métanarrations ou, comme il les appelle, des « grandes histoires. », désignant par l’un de ces deux termes les théories universelles comme le marxisme ou l’hégélianisme. Les théories universelles prétendent qu’elles peuvent donner l’explication de tous les phénomènes de sorte qu’elles les adaptent à leurs propres systèmes ; le marxisme, par exemple, discerne dans l’histoire des hommes une bataille continue entre de différentes classes sociales, ce qui, en outre, lui rend impossible de se diriger sa concentration vers d’autres indifférences sociales, apparaissant négligées et en arrière-plan par rapport au fait d’observation central du marxisme. Toutes les métanarrations demeurent aujourd’hui vaines et dépourvues de toute crédibilité car la position de scepticisme est plus que désirable dans l’ère postmoderne. Les métanarrations de ce genre ne doivent plus être sujet de discussions, leur crédibilité doit être questionnée après quoi elles doivent faire face à une ignorance sans condition. La question qui se pose logiquement est alors – l’Histoire, est-elle aussi l’une des métanarrations toujours en vie ?

L’Histoire, elle, est alors condamnée à tâtonner dans le brouillard entre science ou bien métahistoire d’une part et du métaphorique d’autre part. Devrait-elle être aperçue comme ensemble de plusieurs sciences, du marxisme par exemple, qui, après la coupure épistémologique proposée par Althusser, évolua du niveau idéologique au scientifique, étudiant les relations humaines et en devenant ainsi source de « vérités », et non plus d’interprétations, ou assumer plutôt un rôle conciliant la science et le métaphorique sous condition qu’elle renonce à ses aspirations scientifiques ? Une chose est sûre, et Barthes l’a remarquée d’une manière pointue – elle tourne sur elle-même ; par conséquent, elle demeure éternelle, provocante, elle s’élève à une source inépuisable de tout un éventail d’explications et d’interprétations qui connaissent leurs naissances répétées justement dans le métaphorique et le romanesque. Le point faible de l’Histoire et qu’elle est accessible à tous, à tout lecteur disposant d’un certain modèle culturel, social et politique qui lui est propre ce qui la fait également le phénomène, une science ou proto-science, une métaphore, un concept philosophique le plus dangereux au monde.

 

Roland Barthes